Et si on parlait d’interopérabilité en santé ?

Après avoir traité du sujet fondamental de la protection des données médicales, il nous a paru évident d’aller plus loin en abordant l’interopérabilité en santé.

L’interopérabilité est la capacité des différents systèmes d’information à échanger des données entre eux de manière sécurisée, instantanée et efficace. Hors, dans le domaine de la santé, l’accès facile des praticiens aux informations est primordial, puisque cela conditionne la bonne coordination des soins et le suivi des patients.

Alors, quels sont les enjeux liés au développement de l’interopérabilité en santé ?

Interopérabilité dans le secteur de la santé : on fait le point

État des lieux de l’interopérabilité en France

Depuis plusieurs années, des efforts ont été déployés pour améliorer l’interopérabilité dans le secteur de la santé en France, mais des points de blocages subsistent encore. L’un des défis majeurs est de connecter les systèmes d’information entre eux malgré la multiplicité des interfaces. En effet, les hôpitaux, cliniques, laboratoires d’analyses, pharmacies, médecins, complémentaires santé et organismes d’assurance maladie utilisent différents systèmes, pas toujours compatibles entre eux. D’autant plus que les éditeurs de logiciels proposaient jusqu’alors des solutions fermées, rendant presque impossible ou coûteux le partage de données. Dans un tel environnement pluriel, l’interopérabilité a donc un champ limité.

En outre, les données de santé ne sont pas toujours structurées de la même manière, ce qui rend difficile leur échange. Pour une communication dématérialisée efficace, il faut que chaque système d’information utilise le même langage pour que les données patients soient mieux reconnues, interprétées et partagées.

Enfin, les professionnels de santé doivent être accompagnés dans la maîtrise des logiciels interopérables et sensibilisés aux innovations de demain dans la santé connectée.

De l’échec du Dossier Médical Partagé vers l’espoir de Mon Espace Santé

Le Dossier Médical Partagé (DMP) existe en France depuis 2011 et est une initiative phare en terme d’interopérabilité en santé. À la fois espace de stockage des informations médicales et outil de partage de données entre professionnels de santé, le DMP est un carnet de santé numérique ayant pour objectif de faciliter la prise en charge des patients et la coordination des soins. Malheureusement, lors de son déploiement, son usage est limité, tant du côté des citoyens que des professionnels de santé.

Pourquoi ? Nous avons identifié trois raisons principales :

  1. Un manque d’adhésion : les professionnels de santé n’ont pas été suffisamment sensibilisés à l’intérêt du DMP et l’ont donc peu promu auprès de leurs patients. Ces derniers ont eu peu connaissance du DMP par d’autres biais, freinant ainsi sa démocratisation.
  2. La crainte d’exposer ses données de santé : ce manque d’information a entretenu une méfiance des usagers vis-à-vis du DMP liée à la peur de voir leurs données médicales fuiter ou utiliser sans leur consentement.
  3. Les professionnels de santé ne disposent pas toujours de logiciels adaptés : c’est malheureusement un souci courant en informatique lorsque les éditeurs développent leurs outils en circuit fermé. Aujourd’hui, de nombreux logiciels de gestion de patientèle ne sont compatibles qu’avec d’autres interfaces du même éditeur. La passerelle ne peut ainsi se faire avec le DMP géré par le Service Public.

En 2022, le DMP est intégré à Mon Espace Santé, une plateforme en ligne accessible à tous les citoyens et professionnels de santé pour gérer ses documents et données médicales en toute sécurité. Son ouverture s’effectue désormais par défaut, sauf opposition préalable. Nous détaillerons ce dispositif dans le prochain article !

En résumé, si des initiatives ont été lancées en France pour favoriser l’échange de données médicales, l’interopérabilité dans le secteur de la santé reste un sujet en chantier dont chaque acteur a tout intérêt à s’emparer.

Les avantages de l’interopérabilité dans le secteur médical

Tablette et smartphone pour le partage des données de santé - Numedikal

Pour les acteurs de la santé

L’interopérabilité dans le secteur médical présente plusieurs avantages pour les acteurs de la santé : 

  • Meilleure prise en charge des patients : la transmission et la centralisation des données médicales permettent de connaître rapidement les antécédents médicaux en cas d’urgence, ainsi qu’une meilleure coordination des soins et une prise en charge plus efficiente
  • Réduction des coûts : l’interopérabilité évite les examens et analyses inutiles ou déjà réalisés, réduisant ainsi les coûts de santé
  • Meilleur contrôle des abus : l’ordonnance dématérialisée permet d’avoir un usage unique par la pharmacie et limite la fraude et la duplication
  • Gain de temps : les données patient étant partagées au même endroit en un minimum de temps, un praticien peut agir plus rapidement et efficacement
  • Meilleure gestion des ressources : grâce à la mise en commun rapide des données, l’interopérabilité aide à optimiser la gestion des ressources telles que le personnel médical, les équipements ou les traitements médicaux
  • Amélioration de la satisfaction des patients : grâce à une prise en charge plus rapide et une meilleure coordination des soins, l’interopérabilité renforce la satisfaction des patients ainsi que leur confiance dans le système de santé

Pour les patients

Côté patients, souvent méfiants à l’idée de partager leurs données médicales, les avantages de l’utilisation d’un dispositif interopérable comme Mon Espace Santé sont autant multiples : 

  • Amélioration de la qualité des soins : si l’interopérabilité permet une prise en charge plus rapide et personnalisée, alors la qualité des soins s’en trouve améliorée. C’est là le premier ressenti des patients !
  • Suivi plus sûr : l’interopérabilité permet une continuité des soins plus sûre, quelque soit les situations de vie des patients (déménagement, déplacement professionnel, vacances…). Cela réduit également les risques d’erreurs médicales par manque d’informations !
  • Réduction des coûts : elle s’applique aussi pour les patients en leur évitant des examens ou traitements inutiles et non pris en charge par l’assurance maladie ou la complémentaire santé
  • Meilleure prévention : avec un accès complet aux données de santé, y compris les antécédents médicaux, les praticiens peuvent plus facilement identifier des facteurs de risques pour certaines maladies
  • Gestion facilitée des informations médicales : grâce au recensement de tout leur historique médical, les patients n’ont plus à se soucier d’apporter leurs précédents examens, analyses ou compte-rendus lors d’une consultation ou de craindre d’omettre une information primordiale face à un nouveau professionnel de santé

La protection des données médicales

La protection des données médicales constituant un enjeu majeur dans le domaine de la santé, l’interopérabilité permet une gestion plus contrôlée de ces informations sensibles. En effet, les données doivent être stockées de manière sécurisée et confidentielle, tout en assurant la traçabilité et le contrôle des accès. Le stockage chez des hébergeurs certifiés HDS (Hébergement de Données de Santé) répond aux exigences de sécurité et assure la souveraineté des données. Un bon point pour la cybersécurité !

Qu’est-ce qui favorise l’interopérabilité ?

Le CI-SIS pour l'interopérabilité en santé - Numedikal

La mise en place d’un cadre d’interopérabilité : le CI-SIS

La France, particulièrement motrice ces dernières années sur les sujets de e-santé, a mis en place un cadre d’interopérabilité, le CI-SIS (Cadre d’Interopérabilité des Systèmes d’Information de Santé), sorte de pendant du PGSSI-S. Il fixe les règles techniques et sémantiques pour permettre à chaque logiciel de santé de communiquer entre eux en utilisant le même langage et dans un cadre sécurisé.  Le CI-SIS est basé sur des normes et des standards internationaux afin d’utiliser des référentiels communs. L’Agence du Numérique en Santé (ANS) met à disposition toute la documentation nécessaire à son application et publie régulièrement des mises à jour.

En outre, la mise en œuvre d’un ensemble de référentiels d’interopérabilité permet d’éviter le développement chronophage et coûteux d’une même fonctionnalité pour chaque système d’information.

Les actions du Ministère de la Santé en faveur de l’interopérabilité

Ce cadre d’interopérabilité, associé aujourd’hui à des opportunités financières comme le Ségur du numérique en santé porté par le Ministère de la Santé via la Délégation du Numérique en Santé (DNS), permet aux établissements médicaux de s’équiper de logiciels compatibles avec un écosystème ouvert. Par ailleurs, l’Agence du Numérique en Santé (ANS) propose un accompagnement renforcé via sa plateforme G_NIUS, le Guichet National de l’Innovation et des Usages en e-Santé, pour comprendre les volets clés de l’interopérabilité, guider les acteurs de la santé et décrypter les réglementations. Pour cela, l’ANS met à disposition des ressources documentaires, des webinaires, mais aussi des consultants mobilisables.

Il s’agit là d’une première étape pour se saisir du sujet de l’interopérabilité, à compléter par un accompagnement externe, comme le propose NUMEDIKAL, pour monter en compétences et devenir acteur de la transformation numérique en santé

En effet, aujourd’hui le cadre est incitatif et s’appuie sur l’énergie proactive des acteurs du numérique en santé, mais qu’en sera-t-il demain ? Il est fort probable que certaines mesures en faveur de l’interopérabilité deviennent obligatoires, laissant sur le banc de touche les professionnels du médical qui n’auront pas anticipé ces évolutions.

Pourquoi il est essentiel d’aller vers l’interopérabilité en santé ?

La télémédecine, la téléconsultation et l'interopérabilité - Numedikal

Amélioration du système de santé

Nous l’avons vu, l’interopérabilité améliore la prise en charge des patients et assure un meilleur suivi. Cela permet par exemple en cas d’urgence d’avoir une vue globale et instantanée des antécédents médicaux, traitements et allergies du patient. Les professionnels de santé peuvent alors prendre des décisions plus éclairées, plus rapides et plus précises. 

En outre, l’interopérabilité améliore la coordination des soins entre les différents professionnels de santé impliqués dans le traitement d’une maladie chronique. Par exemple, si un patient souffre de diabète, le partage de ses données médicales permet aux différents praticiens d’accéder à niveau égal aux informations sur son traitement, ses prescriptions passées et ses résultats d’analyses afin de fluidifier son suivi.

Autrement dit, l’interopérabilité contribue à améliorer notre système de santé et le travail de toutes les parties prenantes. Son développement permettra à tous de vivre plus longtemps et en meilleure santé !

Santé de demain et transformation numérique

La transformation numérique est en train de changer radicalement la manière dont les soins de santé sont dispensés et l’interopérabilité est un élément clé de cette transformation. 

Alors qu’au début des années 2000, l’usage était plutôt d’opter pour un écosystème fermé, qui au premier abord paraît plus sûr et plus facile d’utilisation, la tendance s’inverse. D’un cadre très restreint, le modèle à venir est ouvert et sécurisé, offrant le choix des meilleurs logiciels en fonction de ses besoins tout en permettant aux patients d’avoir un accès exhaustif à leurs données médicales. Alors actifs dans la gestion de leurs informations de santé, ils peuvent communiquer rapidement et précisément leur historique tout au long du parcours de soins.

Par ailleurs, les nouvelles technologies, telles que les applications de santé mobile, les objets connectés ou la télémédecine sont de plus en plus utilisés. Ces nouveaux usages changent la façon dont on aborde la santé, tant du côté des professionnels que des patients.

Cependant, pour que ces innovations puissent être pleinement exploitées, il est nécessaire que les différents systèmes d’information communiquent entre eux de manière fluide et transparente. L’interopérabilité permet ainsi de créer un écosystème numérique de santé plus efficace et plus cohérent, capable de répondre aux enjeux de la santé de demain.

En conclusion, à l’ère du numérique, l’interopérabilité dans le médical conditionne l’avenir d’un système de santé plus performant et mieux adapté aux besoins de tous.

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